En mai 2024, la Fondation des Prix Michener a organisé un événement spécial à l’Université des Premières Nations du Canada (UPNC), dont le campus est situé à Regina, en Saskatchewan, sur la réserve urbaine atim kâ-mihkosit (Red Dog), où vit la Nation crie Star Blanket, sur le territoire du Traité no 4. Les finalistes et lauréat.e.s du Prix Michener se sont joint.e.s aux étudiant.e.s de l’école de journalisme de l’UPNC pour présenter leur travail et ce qui leur a mérité les honneurs. Les participants et participantes ont discuté de l’importance du journalisme d’intérêt public, et des journalistes d’expérience ont abordé les sujets de la justice pour les survivant.e.s, des enquêtes sur les institutions de pouvoir, et du fait d’écrire sur des personnes et des situations dangereuses. L’événement soulignait par ailleurs le lancement du premier programme universitaire de quatre ans en journalisme et communications autochtones de l’UPNC. Plusieurs étudiant.e.s du programme ont pris part aux discussions et activités.
Pour ouvrir l’événement, Carrie LaVallie, vice-rectrice aux affaires universitaires à l’UPNC, a parlé de l’importance de l’école comme établissement d’appartenance administré par des Autochtones où l’on « donne la priorité au savoir, au savoir-être et au savoir-faire autochtone ». Elle a encouragé les personnes présentes à « écouter, apprendre, partager et évoluer pour que la vérité soit révélée au grand jour, même en situations dangereuses ». Rebondissant sur cet appel à l’action, Merelda Fiddler-Potter, professeure agrégée de l’UPNC et membre de la Fondation des Prix Michener, a souligné l’importance du journalisme d’intérêt public pour les communautés autochtones, mentionnant au passage la prise de risques inimaginables et l’immense courage qu’il exige.
Après le mot d’ouverture, Jason Warick (CBC), Nancy McDonald (The Globe and Mail), Paul MacNeill (The Eastern Graphic) et Caroline Touzin (La Presse) ont animé une table ronde sur leur travail et leur expérience de journalistes au Canada. Pour ouvrir la discussion, Paul MacNeill, finaliste du Prix Michener pour son reportage intitulé Entre les mailles du filet, s’est adressé en ces mots aux futur.e.s journalistes : « Votre carrière vous offrira des possibilités très intéressantes parce que vous pourrez choisir ce que vous voulez faire et comment vous voulez le faire. […] À mon avis, l’évolution des médias à l’heure actuelle est fascinante [à observer]. »
Jason Warick, journaliste à CBC Saskatoon et lauréat du Prix Michener en 2021 pour son reportage intitulé Regard sur l’échec de la tentative de faire payer l’Église catholique pour ses abus dans les pensionnats / Les pensionnats, a lancé la discussion ainsi : « Les histoires dont nous allons parler aujourd’hui, comme vous le savez déjà, sont très difficiles à entendre, mais elles sont nécessaires, car elles mettent en lumière ce qui s’est passé, rectifient les fausses perceptions, rétablissent l’histoire, et nous guident, avec un peu de chance, dans la bonne direction. » Il a également expliqué que son travail « est entièrement axé sur les survivants et les survivantes […] c’est nous qui sommes assis ici aujourd’hui, mais je pense que tous et toutes, nous savons que ce sont les personnes qui nous ont confié leurs histoires qui devraient recevoir les honneurs ».
Racontant ses débuts comme journaliste, Nancy McDonald, finaliste du Prix Michener 2022 pour son article intitulé Qui a manqué à son devoir envers Traevon? a expliqué que ce qui l’a poussée à poser des questions, c’était la rage qu’elle ressentait face à l’injustice. « Quand on est en colère, la timidité s’envole, a-t-elle fait remarquer. Tout ce que vous voulez, c’est vous battre pour la personne ou pour le changement que vous voulez voir se produire ».
Caroline Touzin, finaliste du Prix Michener en 2020 pour son article intitulé L’autre épidémie : exploitation sexuelle des enfants sur Internet, a mentionné qu’on sous-estime souvent les jeunes journalistes. Elle a aussi ajouté « Quand vous savez que vous avez de bonnes questions, n’hésitez pas à les poser, et enregistrez tout! » S’inspirant de sa propre expérience, elle a donné le conseil suivant : « Vous devez commencer dans votre communauté, dans votre ville. Sortez! Il y a des histoires partout, […] les petites histoires peuvent devenir de grandes histoires. »
Après la table ronde, des séances en petits groupes ont été organisées pour discuter de l’IA et du journalisme de données, de la recherche d’information sur les grandes institutions, de la couverture des sujets difficiles et du travail au sein de communautés traumatisées. Cette journée a permis à un groupe engagé et motivé de mieux comprendre le programme Michener et l’importance du journalisme d’intérêt public.