Un « prédateur » au Service canadien du renseignement de sécurité
Web
2023
Finaliste
Darryl Greer
Une enquête extrêmement exigeante, échelonnée sur plusieurs mois à propos de l’une des organisations canadiennes les plus opaques, le Service canadien du renseignement de sécurité en Colombie-Britannique, a levé le voile sur un climat de travail toxique. Le journaliste de la Presse canadienne Darryl Greer a révélé que deux jeunes femmes auraient été agressées sexuellement à plusieurs reprises par le même officier alors qu’elles se trouvaient dans des véhicules de surveillance en mission secrète. D’autres officiers ont décrit leur milieu de travail comme un endroit où le harcèlement, la violence et l’intimidation, surtout à l’endroit des jeunes recrues féminines, demeuraient impunis. Les plaintes internes des victimes étaient rejetées et ces dernières ne pouvaient s’adresser aux autorités, car elles étaient contraintes au silence par la Loi sur le SCRS qui rend illégale toute identification d’agents secrets, l’infraction étant passible d’une peine pouvant aller jusqu’à cinq ans de prison. Ainsi, ces femmes et le journaliste risquaient gros en mettant au jour cette situation. Dès que l’affaire a éclaté, des changements ont été appliqués. Le premier ministre Justin Trudeau a décrit les allégations d’« accablantes ». Le directeur du SCRS a déclaré que le Service vivait un grand bouleversement. Il a annoncé le congédiement du violeur présumé. Il a aussi mis en place des mesures contre le harcèlement et a commandé la création d’un poste d’ombudsman à qui les officiers peuvent désormais porter plainte sans crainte de représailles.