La Fondation des Prix Michener a annoncé aujourd’hui qu’elle décerne trois de ses prestigieux Prix Michener-Baxter pour une contribution exceptionnelle à l’avancement du journalisme canadien au service de l’intérêt public. Les trois lauréats sont : Norman Webster, John Honderich et Journalistes pour les droits humains.
Le Prix Michener-Baxter a été créé en 1983 et est décerné à la discrétion du conseil d’administration de la fondation. Ce prix spécial n’a été décerné qu’à huit Canadien.ne.s depuis son lancement. En l’honneur du 50e anniversaire des Prix Michener, c’est la première fois que les Prix Michener-Baxter ont accepté des nominations du public.
« Cette année, la Fondation des Prix Michener a le plaisir de reconnaître deux des plus grands journalistes canadiens. Norman Webster et John Honderich ont tous deux grandi dans un environnement journalistique et ont vite pris la mesure du privilège dont ils jouissaient. Ils ont compris l’impératif de bien servir le journalisme et de défendre celles et ceux qui sont arrivé.e.s au journalisme sans les mêmes avantages qu’eux », a déclaré Pierre-Paul Noreau, président de la Fondation des Prix Michener. « Notre seul regret est de devoir décerner ce prix à titre posthume à ces deux géants du journalisme. »
Le troisième prix est attribué à l’organisation Journalistes pour les droits humains (JDH). Bien que le Prix Michener-Baxter ait traditionnellement été décerné à des personnes ayant un historique de contributions constantes et exceptionnelles au journalisme, JDH est récompensé pour sa performance exceptionnelle dans des circonstances extraordinaires.
John Honderich a laissé un héritage lorsqu’il est décédé en février 2022. Journaliste le jour, bienfaiteur du journalisme la nuit. Tout ce qu’il a touché l’a été avec enthousiasme et dans un but précis, au bénéfice des personnes qui produisaient le journalisme et de celles et ceux qui consommaient l’information. Honderich aimait les nouvelles – celles qui pouvaient être publiées avant tout, mais aussi celles qui ne pouvaient être racontées qu’au cours d’un repas. Il aimait savoir ce qui se passait. Il aimait régaler le public avec ce qui se passait – ce qui se passait pour vrai. Il aimait les personnes souvent singulières qui rassemblaient et éditaient les nouvelles. Il les aidait assidûment à pratiquer leur métier, en particulier lorsqu’il pouvait utiliser sa stature pour augmenter leurs chances d’obtenir l’information. Il a indéfectiblement maintenu les valeurs progressistes du Toronto Star à une époque où le progressisme semblait prêt à tomber en désuétude. Ses articles ont remporté de nombreux prix du Concours canadien de journalisme ainsi que des Prix Michener, et il a toujours été extrêmement fier des journalistes, photographes, designers et éditeurs qui ont été reconnus pour leur travail novateur.
Honderich a commencé comme copiste au Ottawa Citizen et a travaillé comme chef de bureau à Ottawa et à Washington pour le Toronto Star avant de devenir rédacteur en chef, éditeur, président-directeur général et président exécutif. Il a étudié la politique, l’économie et le droit pour se préparer à cette grande carrière. Il se souciait de la façon dont les articles s’imbriquaient l’un à l’autre, comprenant que les sociétés n’étaient pas le produit d’actes aléatoires, mais d’actes délibérés. Selon lui, le journalisme aidait à maintenir l’honnêteté des gens et à donner une voix à celles et ceux qui n’avaient pas le pouvoir d’exiger des actions. Il pensait qu’il fallait vivre sa vie selon les principes d’Atkinson que son journal préconisait.
Lorsque la Presse canadienne a sombré, il était là. Lorsque le petit J-Source se débattait, il était là. Lorsque la Fondation des Prix Michener a été en difficulté financière, il était là – rassemblant des donateurs et siégeant au conseil d’administration pendant 26 ans. Il a été l’instigateur de la bourse Atkinson en affaires publiques, l’un des nombreux véhicules qu’il a soutenus dans la poursuite d’un programme de justice sociale. Il a été l’un des premiers mécènes de la bourse canadienne Nieman, devenant administrateur en 2001 et siégeant au comité de sélection depuis 2005.
« John était prêt à retrousser ses manches et à faire le travail. Il a représenté le journalisme à son meilleur, toujours investi dans l’intérêt public et ne succombant jamais à la peur », a noté le comité de sélection.
Norman Webster, décédé en novembre 2021, était rédacteur en chef de la Montreal Gazette lorsqu’il s’est joint au conseil d’administration de la Fondation des Prix Michener en 1995, avant d’en devenir le président trois ans plus tard. Cette ascension à la tête de l’organisation a reflété l’aboutissement d’un engagement de toute une vie dans le domaine du journalisme. Son premier emploi a été celui d’étudiant d’été au Globe and Mail, à l’époque propriété de son oncle R. Howard Webster. Il a commencé au magazine Weekly du Globe pour la modique somme de 45 $ par semaine, gravissant les échelons du journalisme à l’ancienne – grâce à son travail acharné et à son talent. Webster s’est ensuite distingué en tant que chef du bureau du Globe en Chine et à Londres, puis a succédé à son mentor Richard Doyle en tant que rédacteur en chef du Globe, poste qu’il a occupé de 1983 à 1989.
Même s’il a passé la majeure partie de sa carrière à travailler dans les grands médias, Webster n’a jamais perdu ses racines québécoises et des Cantons-de-l’Est. En tant que président de la Fondation Michener, il a travaillé d’arrache-pied avec les administrateurs pour mobiliser les éditeurs francophones et les petits journaux. Il a pu constater de visu le peu de ressources dont disposent les petits éditeurs, lors de ses séjours en tant que jeune journaliste au Sherbrooke Record de John Bassett dans les Cantons-de-l’Est, et au Winnipeg Free Press avec le brigadier Richard Malone comme « éditeur en formation ».
« Aussi fidèle qu’il ait été aux codes journalistiques, il était encore plus fidèle à son sens du devoir envers le public », a déclaré l’ancienne sénatrice Joan Fraser lors du lancement virtuel en novembre 2020 du livre de Webster, Newspapering: 50 years of Reporting from Canada and Around the World.
Journalistes pour les droits humains : Depuis sa création en 2002, Journalistes pour les droits humains (JDH) est devenue l’organisation internationale de développement des médias et de défense des droits de la personne la plus influente au Canada. En 20 ans, JDH a formé plus de 19 500 journalistes dans plus de 30 pays afin de leur permettre de couvrir de manière efficace et objective les questions relatives aux droits de la personne et à la gouvernance. L’organisation a utilisé les connaissances acquises dans le cadre de ce travail et les a déployées localement afin de créer les conditions propices au succès des journalistes autochtones et à la diffusion de leur travail. JDH s’est impliqué pendant la pandémie pour combattre le fléau de la désinformation sur la COVID.
JDH a joué un rôle déterminant dans le sauvetage de 2 000 afghans en situation de haut risque, y compris des journalistes, d’intermédiaires, des traducteurs et d’autres personnes ayant travaillé avec des organisations de journalisme canadiennes pour couvrir leur pays pour le public canadien. JDH a également attiré l’attention sur les dangers liés à la couverture des événements en Ukraine et sur la sécurité et la liberté des journalistes dans des endroits aussi disparates que la Russie, les Philippines et la République démocratique du Congo.
« Journalistes pour les droits humains a fait sa marque en fournissant aux journalistes des pays en développement des outils pour lutter contre la corruption et défendre les droits de l’homme. Aujourd’hui, JDH s’est encore distinguée en étant le fer de lance des efforts visant à sauver les journalistes en danger, en particulier les Afghans qui nous ont aidés et qui ont maintenant besoin de notre aide », a noté le comité de sélection.
Les trois prix Michener-Baxter seront remis lors d’une cérémonie qui aura lieu cet automne, en même temps que le Prix Michener et les Bourses Michener. Visitez www.PrixMichener.ca pour en savoir plus sur les finalistes du Prix Michener et les lauréats des Bourses Michener de cette année.
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